• Le pompier Suho Young-Dae


    Lundi 28 Novembre 2022 à 23:17
    °Saejin

    (Âmes sensibles, s'abstenir)

    (A la première personne)

    "Je m'en souviens comme si c'était hier... Il pleuvait ce jour là. Pas beaucoup, la visibilité était encore assez bonne. Et je me souviens. On attendait Noël. Notre caserne avait été désigné pour le soir de Noël. J'avais 23 ans. 5 ans de carrière. Et comme chaque Noël je m'étais porté volontaire. Après tout, je n'avais pas de copine à l'époque. Et puis j'étais très engagé. Ma famille je crois m'en a toujours secrètement voulu. Mais ils ne me disaient rien, car ils savaient que j'aimais ce jour là. En me portant volontaire je libérais sûrement un père de famille, qui lui voulait voir ses enfants en ce jour de fête...

    On attendait avec impatiente la neige et ses flocons... Mais ce qui vint à la place fut l'événement le plus terrible et traumatisant de ma vie. Je me dirigeais vers la caserne, vers 23h pour prendre la relève à minuit.

    L'alarme à ma ceinture sonne. Ca arrive. C'est habituel, et pourtant l'adrénaline me réveille instantanément. Je descend dans le camion le plus vite et on reçoit les informations complémentaires par radio.

    "Rue Ja***, route 52*, choc entre un camion et une voiture. 5 victimes sur place, état de gravité: fort. Signalement par le voisinage."

    J'étais proche de cet endroit. Alors en écoutant mon devoir de pompier, je fais demi-tour, même si je ne suis pas encore dans mon tour de garde, j'y vais. Intervenir vite, changera peut-être la donne. Je suis arrivé sur place rapidement. Mais peu être pas assez. Honnêtement je ne sais pas si ça aurait changé grand chose. Le choc était énorme. Le camion légèrement en travers à moitié sur le trottoir. Il pleut. Je ne vois pas les détails à cause des gouttelettes sur mes paupières, mais je vois le chauffeur du camion. Il est là, debout en état de choc. Et la voiture... Bousillée.

    "Monsieur... Monsieur? C'est les pompiers, asseyez-vous, j'appelle l'ambulance."

    Je lui prends le bras et l'aide à s'assoir.

    Je m'approche de la voiture, totalement déformée, écrasée, détruite. Le conducteur et le passager sont inaccessible, piégés par la toiture de la voiture qui ne ressemble plus qu'à un tas de ferraille fumante. Je fais le tour, et je constate que le chauffeur est mort... Je m'approche, je ne réalise pas tout encore mais je garde mon sang-froid. L'impact a dû être colossal pour qu'ils soient morts sur le coup. A l'intérieur de la voiture, plusieurs corps sont enchevêtrés, et à travers les vitres brisées je vois deux sièges d'enfants...

    Je vois une petite main et un petit pied, et je me dis qu'il faut agir vite. Et puis je vois soudain sur l'autre siège des yeux hagards et perdus. Un petit corps est arraché... Mais bien vivant! Il fallait que je les sorte. Je m'obstine sur la portière. Rien à faire. Tant pis je passe par la fenêtre essayant de pas toucher les bout de verre. Ce n'est pas le moment de me blesser. Je m'approche. La petite fille ne respire plus...

    Mon premier reflexe est de lui insuffler de l'air. Je recommence plusieurs fois. Je sens un début de respiration. Alors avec toute mes forces je l'extirpe. Je pose la petite file par terre. Et je commence une réanimation. Mais soudain je m'aperçois... Que la petite fille n'est plus entière. Il manque une partie de l'arrière de sa tête. Ce que je faisais... Ne servait à rien... Il était trop tard, bien trop tard. Alors je serre les dents. Et je prends la petite fille malgré le sang et la pluie qui ruissèlent dans un seul et même flot. Je retourne dans la voiture. Dans l'épave. Je coupe les ceintures de sécurité avec mon couteau, et j'extirpe une vieille dame comme je peux. Sûrement était-ce la grand mère. Et elle respire. Je la prends dans mes bras, et je la porte avec la plus grande douceur. Mais alors que je la mets dans le camion elle cesse de respirer. Et je sens une douleur fulgurante me traverser, et je pose un genou à terre, terrifié par l'idée qu'ils meurent et que je sois impuissant, sans matériel... Seul. Mes collègues n'étant pas sur place. Je tente un bouche à bouche, et des compressions thoraciques en espérant que l'ambulance va bientôt arriver. Et là. L'ambulance arrive enfin. Avec du matériel.

    "Prenez la en charge, vite."

    Et puis je retourne à la voiture. Il reste un enfant. Je prends son petit visage et soudain l'air s'engouffre dans ses poumons miraculeusement. Le sang se projette partout. Ses jambes sont coincées dans le siège avant et je tiens ce petit être qui se bat pour respirer. J'entends enfin les sirènes de mes collègues. Ils sont là, enfin! Je ne suis plus seul dans mon désespoir. Le visage du médecin me presse.

    "Il faut le sortir, sinon on le perd."

    Alors une de mes collègues s'engouffre par le coffre et on tire, pour le sortir de là, on essaie de bouger les débris. On le dégage enfin. Et l'équipage de l'ambulance le prend tout de suite en charge. Et c'est là qu'en levant les yeux, je vois 7 ambulances, 2 camions du samu, 2 fourgons routiers... Pourtant la répétition de temps d'années d'exercice pour être dans l'élite des pompiers prend les devants sur mon corps. Je marche vers mon fourgon et je fais le rapport par radio...

    Après cet événement. Cette solitude... Cette impuissance. J'ai continué d'être pompier. Je faisais des milliers de cauchemars. 

    J'étais un pompier aguerri. Expérimenté. Commando parachutiste de l’air, pompier marin spécialisé dans les milieux périlleux, spécialisé dans le risque chimique, sauveteur en eau vive… J'avais vu des morts inévitables, j'avais du des drames de jeunes motards balayés par des voitures inattentives. J'en avais sauvé pleins d'autres par ailleurs. Mais le fait d'être impuissant m'a complétement détruit.  Mais malgré la devise “Sauver ou périr”, je fus touché par un drame. Et même si mon corps n'est pas mort ce jour là, une partie de mon âme est partie avec eux.

    J'essaye de m'accrocher à la seule petite vie que j'ai sauvée. Celle d'un des enfants. Je ne suis pas choquée par ce que j'ai vu, mais par ce que j'ai ressenti. J'ai décidé d'arrêter au bout d'un an. Mes crises d'anxiété devenait un sérieux problème la nuit quand 23h approchait. Et même si je continuais de sauver des vies, je ne voulais pas devenir un poids pour mes collègues la nuit. J'ai décidé de me recentrer sur moi-même, le temps de soigner mon traumatisme. Alors j'ai trouvé ce poste  à l'Académie Flower en attendant de retrouver le courage de reprendre mes fonctions. J'espère un jour me débarrasser de ces rêves traumatisants qui hantent mes nuits, et pouvoir à nouveau sauver des vies."

    -FIN-

    Jeudi 29 Décembre 2022 à 09:54
    ❦La best du 38❦
    C’est...méga triste…et…méga bien! Mais c’est vraiment vraiment vraiment trooooop triste ce qu’il se passe TvT pauvre Suho!
    Jeudi 29 Décembre 2022 à 10:10
    °Saejin

    Traumatisme de pompier. Contente que ça t'ait plu, j'ai passé beaucoup de temps à l'écrire. J'avais peur que ce soit trop violent.

    Jeudi 29 Décembre 2022 à 10:16
    ❦La best du 38❦
    Ouais…TwT L’histoire est très très bien écrite bravo! *applaudi* C’est assez violent mais tu as prévu en haut! Donc on est prévu!
    Jeudi 29 Décembre 2022 à 10:24
    °Saejin

    Oui je m'en doutais... Mais en même temps comme j'ai été chez les pompiers je connais un peu les histoires et parfois c'est pas tout beau

    Jeudi 29 Décembre 2022 à 10:25
    ❦La best du 38❦
    Oui logique
    Lundi 6 Février 2023 à 20:09
    °Saejin

    Je rajoute une musique pour ceux qui veulent lire en ambiance:

    Musique en boucle




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